La résistance intérieure du camp de concentration décide de sauver un jeune garçon juif de la mort planifiée. Walter Spitzer doit promettre de témoigner plus tard par son talent de dessinateur, de se faire en quelque sorte le «photographe» des victimes… Ce serment, le peintre ne l’a jamais oublié. Son œuvre artistique traduit, directement ou non, l’horreur ineffable de la Shoah. Dans ce livre, Walter Spitzer s’exprime par les mots. lI nous livre le désarroi d’un adolescent qui, après une enfance heureuse dans sa ville natale de Pologne, est pris dans la tourmente et conserve dans l’atrocité quotidienne le désire de vivre, de créer, d’aimer. lI nous fait partager sa stupeur devant l’enfermement dans un ghetto, l’effroi de la déportation, la dépossession de son identité pour ne devenir que le matricule 178489, numéro tatoué sur le bras.
En une plongée hallucinante, li nous fait pénétrer avec lui dans ces lieux d’extermination que furent Gross-Rosen, Auschwitz III, Buchenwald: «Certains corps sont portés par deux détenus, d’autres tirés par les jambes par un seul. Dans le silence total, on n’entend que le bruit des semelles en bois faisant des clapotis dans la boue et le bruit sourd des crânes et des bouches ouvertes raclant le sol. Spectacle affreux de morts traînés par des demi-morts.» Enfin, c’est l’évacuation tragique au cours de la Marche de la Mort, les monceaux de corps saisis par le gel, les plus faibles abattus d’une balle dans la tête, puis la fuite éperdue vers les avant-postes de l’armée américaine, la découverte stupéfiante de l’Allemagne vaincue en compagnie des G.l.’s et l’arrivée radieuse à Paris, ville-lumière contemplée du haut d’un camion US…
Un document bouleversant et une réplique cinglante à tous les négationnistes.
Walter Spitzer, né en Pologne, s’est établi à Paris après la guerre. À côté de son travail pictural propre, il a illustré les œuvres complètes romanesque d’André Malraux, de Jean-Paul Sartre, d’Henry de Montherlant, de Joseph Kessel, de Nikos Kazantzákis. Il est l’auteur du monument élevé quai de Grenelle, près de l’emplacement du Vel’ d’Hiv’ où, les 16 et 17 juillet 1942, ont été parqués 12884 juifs raflés par la police française.
Walter Spitzer est un enfant de la Maison de Moissac.
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